Les aménagements de récifs artificiels se développent sur le littoral français. Ils apparaissent souvent comme un outil de gestion de la bande côtière dont on reconnait l’extrême fragilité due aux nombreuses pressions anthropiques
- - Eléments de contexte
Les aménagements de récifs artificiels se développent sur le littoral français. Ils apparaissent souvent comme un outil de gestion de la bande côtière dont on reconnait l’extrême fragilité due aux nombreuses pressions anthropiques ; Les fonctions des récifs artificiels évoluent. D’abord considérés comme des créations de zone de production halieutique, leur champ d’action s’est élargi et aujourd’hui ils se développent dans un but de préservation de la biodiversité et de l’environnement marin. Enfin ces habitats artificiels peuvent servir dans un but de sensibilisation et de communication à la biodiversité marine et à la fragilité des écosystèmes côtiers. Ces trois fonctions (production, protection, pédagogique) influencent la morphologie et les impacts écologiques des récifs qui sont immergés.
L’association Récifs Goëlo créée en 2016 a cherché à répondre à ce qui était ressenti comme un appauvrissement de la biodiversité sur le site de PORT LAZO en proposant l'immersion de récifs artificiels. S’en est suivie une longue période de recherche et de concertation et de constitution d’un réseau d’élus, de professionnels de la mer, d’associatifs et de chercheurs. Lors de son AG en février 2019 l’association Récifs Goëlo a décidé de poursuivre son activité par la promotion des récifs artificiels et la recherche de partenariats pour envisager un site de récifs artificiels au large de l’Ost Pic. Or une opportunité de collaboration se présente avec le MNHN de Dinard qui permettrait d’immerger des récifs "biomimétiques" et d’en assurer un suivi participatif.
C’est ce projet qui a fait l’objet du dossier présenté à la CML pour obtention de crédits dans le cadre du DLAL FEAMP et a reçu un accueil favorable.
Il s’agit bien de répondre de manière pratique et expérimentale à un besoin de connaissance de l’effet- récifs artificiels en privilégiant une utilité pratique au récif (corps morts de mouillage ) et dans cette approche essentiellement participative de faire découvrir et sensibiliser les publics aux fragilités de la biodiversité de la bande côtière.
- - Objectifs du projet / Améliorations attendues
- Observer, acquérir in situ des connaissances sur "l’effet récif " à partir d’un corps mort "biomimétique" comme support de la biodiversité locale.
- Mettre en place un suivi participatif
- Partager cette connaissance scientifique et communiquer pédagogiquement les résultats des observations en direction des différents publics pour les sensibiliser et les impliquer dans des pratiques de préservation et/ou de restauration de la biodiversité marine.
Cette démarche doit contribuer à mettre en synergie les différents acteurs concernés par le site de Port Lazo en les associant aux différentes étapes d’observation. Les récifs artificiels sont souvent un facteur d’amélioration des usages sur un site en coordonnant mieux les activités des différents intervenants. Le projet devrait avoir un impact sur la manière dont la population locale appréhende les nécessités de changement de comportement vis à vis du milieu marin (préservation de la biodiversité, effets du réchauffement climatique).
Tous les publics sont visés par les activités du projet. D’abord la population locale et les usagers du site, les élus pour la phase initiale de communication sur les récifs artificiels et les transferts possibles. Ensuite les associations, les professionnels volontaires impliqués dans les protocoles de suivi des récifs. Des initiatives en mer seront également organisées avec des séquences-vidéos. Enfin, seront proposées des animations avec des outils pédagogiques adaptés aux publics scolaires.
- - Mise en oeuvre du projet
Une étude préalable a révélé la méconnaissance mais aussi les incompréhensions ou les réticences que localement on pouvait avoir des immersions de récifs artificiels. Une immersion expérimentable (donc réversible) pourrait être de nature à apporter certaines clarifications . Le site de Port Lazo est fortement soumis aux diverses pressions anthropiques : ostréiculture, port de mouillages, pêche de loisirs, pêche à pied, mais aussi extraction de maërl jusqu’en 2013. Cette situation peut donc justifier un aménagement expérimental pour mieux connaître scientifiquement les environs du site et comprendre les effets que les récifs artificiels peuvent avoir sur la restauration de la biodiversité.
Au fil des expériences on a constaté que l’efficacité d’un récif artificiel tient dans sa conception (architecture, matériau, surface, volume…) en fonction de l’objectif fixé. On parle aujourd’hui volontiers de design, d’éco-conception, de biomimétisme. Si l’on ajoute les caractéristiques de la zone d’immersion et l’organisation spatiale des différents modules, cela offre une infinité de possibilités dans l’agencement d’une zone récifale.
Le projet d’aménagement se limite à quelques scénarios.
- Identifier une zone expérimentale de récifs artificiels à caractère pédagogique
- Observer, comprendre l’effet-récif pour la restauration de la biodiversité
- Partager ces connaissances, communiquer et sensibiliser sur la richesse, la fragilité des fonds marins.
- Dimensionner l’aménagement entre 2 et 5 récifs sur une superficie limitée en superficie
- Privilégier des récifs éco-conçus de poids inférieur à 3T pour une immersion plus simple et moins coûteuse.
C’est sur cette base que nous avons opté pour des récifs biomimétiques conçus comme des corps morts écologiques expérimentés par le MNHN de Dinard dans le cadre du programme européen Marineff.
La collaboration formalisée avec le MNHN portera sur les points suivants
- Les caractéristiques de la zone d’immersion (Point zéro)
Elle devra répondre aux objectifs de l’aménagement de 3 récifs proches d’une zone de substrats rocheux présentant un intérêt pour la plongée et tenant compte des usages sur le secteur. La zone se situera au large de l’Ost Pic sur une une petite superficie à 2-3 miles de la côte. Une fois le point d'immersion défini l'association se chargera de la demande d' AOT auprès de la DDTM informée du projet.
Le MNHN établira un état initial des espèces benthiques et pélagiques présentes sur le site avant immersion.(6 plongées)
- Les récifs
Les récifs sont conçus comme des corps-morts de mouillage pour remplacer le bloc béton et permettre aux espèces de coloniser les structures artificielles immergées. Le récif est utilisé comme outil d’échantillonnage de la biodiversité à l’échelle du site. Ils mesurent 1.60m de diamètre, 1.30m de haut pour un poids de 2.9 T et sont composés de 3 corps circulaires en béton dont deux avec 20% de déchets coquillés. Des trous, des failles, des cloisons de tailles différentes, des niches avec des points de fuite et différentes pentes permettent d’accueillir des espèces aux exigences écologiques différentes. Le disque de la base repose sur un trépied qui crée un abri sous le récif. Les 3 récifs seront disposés à quelques mètres les uns des autres et l’un d'eux sera relié à une bouée avec mouillage écologique (100% textile).
Livrés au port de Paimpol (ou Lézardrieux), leur immersion sera assurée par des moyens locaux.
- Le suivi
Il s’effectue selon des fréquences et des protocoles standardisés. Le suivi scientifique sera assuré en n+1 par le MNHN (16 plongées) afin d’observer l’évolution du milieu naturel après l’immersion des récifs et étudier l’impact généré sur le site. Il portera également sur l’évolution de la colonisation des récifs (toutes espèces confondues) en comparaison avec le milieu environnant. En parallèle ,le MNHN mettra en place le module de sciences participatives auprès des deux clubs de plongée impliqués dans le projet (10 plongeurs par club) afin de les former aux protocoles et les accompagner lors des plongées. En n+2 les clubs poursuivront les plongées selon les protocoles définis. Les clubs s’engagent à effectuer au moins 3 plongées par an sur le site pendant 3 ans
Le MNHN se charge de l’analyse de l’ensemble des données (comptage, photos …), des rapports d’études intermédiaires et du rapport final. Ces rapports servent de supports à la communication pédagogique adaptée en direction des différents publics. Cette expérimentation permettra également de comparer les dynamiques de colonisation dans deux environnements distincts (baie de Saint Malo dans le cadre du programme Marinnef et et côte du Goëlo dans le cadre du projet Récifs Goëlo). A terme ces micro -habitats seraient un indicateur de biodiversité du milieu naturel.